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« Tu as vu comme ton père était mince et beau quand il était jeune ? » dit ta mère en jetant un coup d'œil à la photo de ses jeunes années sur la commode. « Oh, nous vieillissons« , dit-elle en jetant un coup d'œil latéral à son mari, qui est allongé sur le canapé et regarde la télévision en montrant son ventre proéminent.
Ce n'est pas un secret : la plupart des gens prennent du poids en vieillissant. Plus précisément, selon la dernière enquête européenne sur la santé, publiée en 2014, le pourcentage de personnes en surpoids ou obèses augmente à un rythme alarmant à mesure que nous passons d'une génération à l'autre, atteignant un pic dans la tranche d'âge des 75-84 ans, où 69,43 % des individus sont en surpoids.
La grande question est de savoir pourquoi cela se produit. Il n'est pas facile d'y répondre. Certains facteurs liés à l'âge peuvent influencer la prise de poids, comme le ralentissement du métabolisme de base, qui se traduit par un stockage plus important des graisses dans l'organisme. Mais il s'agit là d'une différence mineure qui n'explique pas la forte augmentation de l'indice de masse corporelle chez les personnes de plus de 40 ans.
Si nous ajoutons à notre alimentation des fruits et des légumes riches en flavonoïdes – des composés présents dans les légumes – nous contrôlerons notre poids.
En réalité, la prise de poids avec l'âge n'est pas directement liée à l'âge, mais au changement d'habitudes de vie qui l'accompagne. Avec l'âge, on fait moins d'exercice et on mange autant, voire plus, ce qui fait inévitablement grossir.
Toutes les organisations de santé encouragent les personnes âgées à faire du sport, mais n'y a-t-il rien d'autre à faire ? Oui, selon une étude qui vient d'être publiée dans le British Medical Journal, l'ajout à notre alimentation de fruits et légumes riches en flavonoïdes – une famille variée de composés que l'on trouve dans les légumes – permet de contrôler notre poids (indépendamment de notre activité physique) et même de nous aider à perdre un peu de poids.
Le pouvoir des fraises, des pommes et des oignons
Des chercheurs de la Harvard TH Chan School of Public Health et de l'Université d'East Anglia ont examiné l'association entre la consommation de différents types de flavonoïdes et l'évolution du poids chez 124 086 hommes et femmes américains sur une période de 24 ans, entre 1986 et 2011.
« Il s'agit de la première étude d'envergure à examiner l'association entre la consommation de toutes les catégories de flavonoïdes et la prise de poids chez des adultes d'âge moyen et plus âgés« , explique le professeur Aedin Casidy, l'un des auteurs de l'étude, dans la note d'introduction de l'étude. « Nous avons constaté qu'une consommation accrue de la plupart des flavonoïdes est associée au maintien du poids et même à une perte de poids modeste chez les hommes et les femmes de différents âges. »
L'ajout d'un seul morceau des fruits identifiés dans l'étude à notre alimentation quotidienne suffit à avoir un impact significatif sur la santé de la population.
Bien que « modeste » ne soit pas le mot que l'on souhaite entendre lorsqu'on veut perdre du poids, Aedin Casidy insiste sur l'importance de cette découverte : « La plupart des adultes prennent du poids en vieillissant et même une petite augmentation peut avoir un impact substantiel sur le risque d'hypertension, de développement de maladies cardiovasculaires, de cancer ou de diabète, c'est pourquoi nous avons besoin de toute stratégie qui aide les gens à maintenir un poids sain lorsqu'ils atteignent l'âge mûr. »
Le professeur explique qu'il suffit d'ajouter à notre alimentation quotidienne un seul des fruits mis en évidence dans l'étude pour avoir un impact majeur sur la santé de la population générale à partir de 40 ans. Et quels sont ces fruits ?
L'association la plus forte avec le maintien et la perte de poids, explique le professeur, a été trouvée dans les anthocyanes, le pigment responsable de la couleur rouge des fruits tels que les myrtilles, les fraises, les cerises, le raisin et, en général, toutes les baies. Les polymères flavonoïdes, présents dans le thé et les pommes, et les flavonols, présents dans une grande variété de fruits et de légumes, tels que les oignons (où l'on trouve les concentrations les plus élevées), les poireaux et les brocolis, sont également particulièrement bénéfiques.
Quelle quantité de flavonoïdes consommer ?
L'étude conclut que de petites quantités de flavonoïdes – 10 mg par jour d'anthocyanes et 138 mg de polymères – suffisent à maintenir notre poids stable. De nombreux fruits dépassent largement cette quantité : une portion de myrtilles contient environ 121 mg d'anthocyanes et seule une tasse de thé dépasse ce chiffre pour les flavonols et leurs polymères.
En réalité, expliquent les auteurs de l'étude, pour obtenir cet effet bénéfique, il suffirait de suivre les recommandations sanitaires en matière de consommation de fruits et légumes. L'OMS recommande de consommer environ 400 g de légumes par jour, à l'exclusion des pommes de terre, ce qui correspond à la fameuse recommandation de manger cinq portions de fruits et légumes par jour, dont la plupart d'entre nous ne s'approchent pas : près de trois Espagnols sur dix (28,6 % de la population adulte du pays) ont une consommation insuffisante de fruits et légumes.
Il est probable que d'autres éléments des fruits et légumes, tels que les fibres, jouent également un rôle dans leur capacité à maintenir le poids.
En résumé, manger plus de fruits et de légumes est essentiel pour ne pas prendre de poids avec l'âge. Et si nous choisissons ceux qui sont riches en flavonoïdes, comme les pommes, les poires ou les baies, leur effet sur notre poids sera encore plus important.
Il convient de noter, comme le souligne le professeur de médecine métabolique Naveed Sattar dans The Guardian, que l'étude porte sur les fruits riches en flavonoïdes, et non sur ces composés pris individuellement (qui sont souvent mis en avant dans les boissons et les compléments alimentaires). Il est probable que d'autres éléments présents dans les fruits et légumes, tels que les fibres, jouent également un rôle dans leur capacité à maintenir le poids, ce que les flavonoïdes seuls n'ont pas réussi à faire.
